mardi 19 juin 2012

La Sorga - Naturellement bon

Avec le soleil qui s'installe et la chaleur qui commence à bien se faire ressentir, nous allons opter pour de bons petits vins naturels. A défaut d'éviter le coup de chaud, on s'épargnera au moins le mal de crâne. 

La Sorga est une cuvée produite par Anthony Tortul. Ancien œnologue et technicien viticole, voilà maintenant 4 ans que ce monsieur s'est installé à son compte dans le sud de la France. Basé au beau milieu du triangle Béziers-Pézénas-Agde dans l'Hérault, sa particularité est de vinifier du vin issu de vignes allant de l'Ariège jusqu'à Chateauneuf-du-Pape. Sur toute cette zone, Anthony Tortul a scrupuleusement choisi des vignes situées en coteaux et ayant un faible rendement. On laisse ici s'exprimer les cépages pour ce qu'ils sont en faisant fî des appellations. Ainsi on retrouve des cépages aussi variés mais tout de même caractéristiques du sud de la France: Carignan, Cinsault, Aramon, Grenache, Mauzac, Muscat...

Le résultat est surprenant mais surtout plaisant. La Sorga est l'une de ses entrées de gamme mais déjà on sent le travail et la logique de qualité qui émane derrière. Le nez est intense - peut être même légèrement trop chargé - sur des notes de fruits compotés. L'attaque en bouche est spontanée et plaisante. Le vin présente une bonne capacité d'ouverture tout en gardant une belle rondeur.
Un vin ultra plaisant qui peut accompagner un bon repas comme se boire librement à l'apéritif. Inutile de préciser qu'aucun produit œnologique n'est ajouté et les teneurs en sulfites sont ultra minimes (moins de 4mg par litre soit rien du tout au final). On le consomme tout de même avec modération mais surtout de bon cœur. Autour de 12 € 





lundi 11 juin 2012

American Psycho

Adapté du best-seller de Bret Easton Ellis, le film American Psycho, nous plonge dans l'artificialité de l'argent roi des années '80 à New York. A ce rythme, rien n'est trop beau ni assez cher pour le golden boy Patrick Bateman qui, sous ses airs de jeune cadre dynamique le jour, se révèle être un véritable psychopathe sanguinaire la nuit.

A sa sortie en 1991, le livre de Bret Easton Ellis a quelque peu bouleversé la prude Amérique par son caractère violent et pornographique. Ellis est considéré comme un auteur d'anticipation sociale voire de nihiliste. Sans exagérer ou tomber dans la caricature, on pourrait comparer son œuvre à un steak tartare ; cru et froid mais bien relevé. L'histoire, écrite à la première personne du singulier, relate la vie d'un jeune golden boy de Wall Street. Les faits se passent en 1987 peu de temps avant le crack boursier d'octobre 87 qui a vu alors le Dow Jones perdre plus de 22% en une séance. Une baisse vertigineuse que la Bourse américaine n'avait pas connu depuis le crack de 1929. Le protagoniste principal de ce livre est donc le yuppie type (Young Urban Professional - jeune cadre dynamique de l'époque) complètement blasé de la vie et qui ne trouve que son salut dans ses nuits sanglantes et meurtrières de psychopathe. Cette décennie des années 80 est sans doute celle qui a marqué l'avènement de l'argent-roi et qui a fini d'ériger les places financières en nouveaux milieux de décision de la gouvernance mondiale.

Dix ans après la sortie du livre, l'adaptation cinématographique est plutôt réussie et colle au style littéraire de Bret Easton Ellis. Un style épuré, direct et impactant. Porté à l'écran par Christian Bale (Batman The Dark Knight), le personnage de Patrick Bateman est à la fois impulsif et glacial. Le film met bien en avant l'importance des restaurants comme endroits où il faut être vu. Dans une ville comme New York, plus internationale qu'américaine, les restaurants gastronomiques représentent alors le must de la consommation de bon goût. Ils sont les véritables théâtres d'identification pour une catégorie sociale toujours plus demandeuse. Tout au long du film, les protagonistes comparent leur dîners, les restaurants qu'ils fréquentent, les endroits où il fait bon aller et ceux qu'il vaut mieux éviter. L'intérêt pour la cuisine existe-t-il vraiment ou s'agit-il simplement d'un moyen de justifier sa condition ? La première scène du film est révélatrice mais aussi caricaturale du côté artificiel des restaurants chics new yorkais des années '80.





Un peu plus loin dans le film, Patrick Bateman, amène sa maîtresse au restaurant. Cette dernière sous l'emprise de drogues pense être dans le célèbre restaurant Dorsia, celui-là où il est impossible d'obtenir une table. La jeune femme est invitée dans un tout autre restaurant. Bien que les drogues doivent faire leur effet, aurait-elle été vraiment capable de faire la différence tellement tous ces restaurants se ressemblent. Le livre de Bret Easton Ellis rend mieux compte de cette ressemblance entre les restaurants avec ses descriptions à rallonge qui reviennent de façon récurrente. 

 

vendredi 8 juin 2012

Du dosimètre à l'assiette

Cela aurait pu passer inaperçu voire anodin. Au Japon, là où une batterie d'appareils technologiques accompagne le quotidien, la dernière mode est celle d'effectuer ses courses équipé d'un appareil à mesurer le niveau de radioactivité : un dosimètre.


C'est un article paru dans le journal Libération du mardi 29 mai 2012 qui nous relate la nouvelle crainte alimentaire des Japonais, celle liée à la radioactivité des aliments. Depuis la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima, un épais nuage de suspicion plane au dessus des produits de l'archipel nippone. Le gouvernement ainsi que des associations de consommateurs ont voulu prendre les devants face à cette situation à un tel point que leurs messages paraissent aujourd'hui inaudibles. La multiplication des préconisations et des actions en vue d'informer et de protéger les consommateurs a conduit à un imbroglio sanitaire. Les habitudes alimentaires s'en retrouvent toute chamboulées. On ne fait plus ses courses de la même façon et les sorties au restaurant sont de plus en plus limitées. Le consommateur cherche à maîtriser au maximum son alimentation et à ne rien laisser au hasard. Après la catastrophe, qui a frappé le pays en mars 2011, on a pu voir même en France des affiches à l'entrée des sushis bars justifiant que leurs produits ne venaient pas du Japon. Un effet pervers qui du même coup entame le mythe du restaurant et le caractère exotique de ses produits.

La priorité des Japonais est celle de préserver au maximum les enfants. Les parents redoublent d'efforts afin de pouvoir apporter une alimentation la moins riche possible en becquerels, l'unité de mesure de la radioactivité. Au départ situé à un niveau de 500 becquerels, les autorités nippones ont abaissé ce taux d'acceptabilité à 100 becquerels voire 50 becquerels pour la nourriture des enfants depuis le 1er avril dernier. Le risque de l'ingestion d'aliment présentant une radioactivité significative est de développer des maladies immunitaires et cardiaques ainsi que certains cancers, rapporte Roland Desbordes, président de l'association française Criiad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité). Les aliments pouvant présenter les plus forts taux de radiation sont les pousses de bambous, les épinard et les herbes aromatiques. Les algues peuvent être aussi hautement radioactives. Toutefois le quotidien Libération nous rapporte qu'aucun contrôle n'est effectué sur le marché de Tsukji, le plus grand espace de ventes de produits de la mer au monde. Une situation qui n'est pas sans rajouter à l'inquiétude des consommateurs japonais quand on sait que les produits de la mer constitue avec le riz la base de l'alimentation locale.  

Les autorités locales cherchent peut-être à endiguer une tendance qui pourrait voir un pan de l'économie nationale s'effondrer. Les habitudes alimentaires des Japonais pourraient continuer à s'ouvrir au monde extérieur alors que le Japon est déjà le premier importateur mondial de denrées alimentaires. Les petites exploitations, qui composent majoritairement le secteur agricole local, pourraient être sérieusement touchées.