vendredi 8 juin 2012

Du dosimètre à l'assiette

Cela aurait pu passer inaperçu voire anodin. Au Japon, là où une batterie d'appareils technologiques accompagne le quotidien, la dernière mode est celle d'effectuer ses courses équipé d'un appareil à mesurer le niveau de radioactivité : un dosimètre.


C'est un article paru dans le journal Libération du mardi 29 mai 2012 qui nous relate la nouvelle crainte alimentaire des Japonais, celle liée à la radioactivité des aliments. Depuis la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima, un épais nuage de suspicion plane au dessus des produits de l'archipel nippone. Le gouvernement ainsi que des associations de consommateurs ont voulu prendre les devants face à cette situation à un tel point que leurs messages paraissent aujourd'hui inaudibles. La multiplication des préconisations et des actions en vue d'informer et de protéger les consommateurs a conduit à un imbroglio sanitaire. Les habitudes alimentaires s'en retrouvent toute chamboulées. On ne fait plus ses courses de la même façon et les sorties au restaurant sont de plus en plus limitées. Le consommateur cherche à maîtriser au maximum son alimentation et à ne rien laisser au hasard. Après la catastrophe, qui a frappé le pays en mars 2011, on a pu voir même en France des affiches à l'entrée des sushis bars justifiant que leurs produits ne venaient pas du Japon. Un effet pervers qui du même coup entame le mythe du restaurant et le caractère exotique de ses produits.

La priorité des Japonais est celle de préserver au maximum les enfants. Les parents redoublent d'efforts afin de pouvoir apporter une alimentation la moins riche possible en becquerels, l'unité de mesure de la radioactivité. Au départ situé à un niveau de 500 becquerels, les autorités nippones ont abaissé ce taux d'acceptabilité à 100 becquerels voire 50 becquerels pour la nourriture des enfants depuis le 1er avril dernier. Le risque de l'ingestion d'aliment présentant une radioactivité significative est de développer des maladies immunitaires et cardiaques ainsi que certains cancers, rapporte Roland Desbordes, président de l'association française Criiad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité). Les aliments pouvant présenter les plus forts taux de radiation sont les pousses de bambous, les épinard et les herbes aromatiques. Les algues peuvent être aussi hautement radioactives. Toutefois le quotidien Libération nous rapporte qu'aucun contrôle n'est effectué sur le marché de Tsukji, le plus grand espace de ventes de produits de la mer au monde. Une situation qui n'est pas sans rajouter à l'inquiétude des consommateurs japonais quand on sait que les produits de la mer constitue avec le riz la base de l'alimentation locale.  

Les autorités locales cherchent peut-être à endiguer une tendance qui pourrait voir un pan de l'économie nationale s'effondrer. Les habitudes alimentaires des Japonais pourraient continuer à s'ouvrir au monde extérieur alors que le Japon est déjà le premier importateur mondial de denrées alimentaires. Les petites exploitations, qui composent majoritairement le secteur agricole local, pourraient être sérieusement touchées.   

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